16 Avril 2014
Lors de la réunion publique, pré-élections municipales, du 19 mars dernier, on nous a vanté les mérites du système des « voisins vigilants ». Inspiré du concept anglo-saxon "neighbourhood watch" ("surveillance de quartier"), le dispositif "voisins vigilants" existe en France depuis 2007 dans le but, surtout, de lutter contre les cambriolages.
Mais cette surveillance repose sur des citoyens non formés ou mal informés sur les lois et règles en vigueur. L’entraide entre voisins n’est donc que le rideau de fumée qui cache la création de quartiers fermés à toute personne qui n’y vit pas ou qui n’est pas connu de ses habitants. C’est donc bien du rejet de l’étranger dont nous parlons. Le meilleur exemple est donné dans l’article des jeunes étudiants en journalisme de Tours qui ont mis au jour les dangers d’un tel système ; on a aussi pu voir des grilles de description des passants dans un grand quotidien national.
Cette initiative s’avère dangereuse pour la tranquillité de tous car on est toujours un étranger pour les autres.
En effet, comment accepter de voir débarquer des civils sans aucun mandat ni légitimité vous demander ce que vous faites dans leur rue ? Ou de se voir contrôler par la gendarmerie pour le seul motif que vous vous baladiez dans un autre quartier que le votre?
En outre, l’efficacité du programme reste à prouver : si le sentiment d’insécurité baisse, les gendarmes concèdent que rien n’indique une réduction des actes de délinquance ni des cambriolages.
Surveiller son voisin et être prêt à dénoncer n’importe quelle personne que l’on juge suspecte : ce n’est pas de la fraternité ! Et encore moins une politique de solidarité. C’est une politique qui exacerbe la peur de l’autre et le sentiment d’insécurité ! En faisant croire que chacun est en danger, on réveille les plus bas instincts, contraires à l’idée de communauté ! La suspicion n’est pas bonne pour le vivre-ensemble. Ces thèmes et ces formules de l’extrême droite disloquent notre pacte républicain et social et génèrent la discorde dans la cité. Nous avons une idée autrement différente de la solidarité ! Pourquoi ne pas inciter à devenir bénévoles d’associations culturelles, sociales, sportives ou caritatives ?
Il serait bien plus intéressant de développer le concept de voisins solidaires dont l’entraide, le partage et les rencontres seraient les seules motivations. C’est cette seule et unique orientation qui améliorerait les relations entre les différents habitants…